
L’interruption médicale de grossesse (IMG), la petite fleur qui n’avait pas pu grandir
- Publié par Marie Fournier-Bidoz
- Le 11 avril 2019
La vie c’est comme un long chemin, avec d’autres petits et grands chemins, des ponts, des roses, des ronces parfois, des petits ou des gros cailloux, tout un tas de trucs plutôt chouettes mais aussi certaines choses bien plus sombres. Ce chemin, nous le savons tous, il prend fin un jour. Mais sommes-nous préparés à ce qu’il s’arrête subitement lors des premiers pas ? Avant les petits cailloux, les roses et tout le reste ?
La perte d’un proche est toujours une épreuve douloureuse pour chacun d’entre nous mais celle d’un bébé en temps de grossesse représente une souffrance insoutenable et bouleversante.Psychologue en services de maternité et néonatalogie à l’hôpital, je rencontre ces femmes et ces hommes confrontés à l’impensable. Ces couples blessés par des projets de vie qui n’ont pu se réaliser. Rien ne semble bien logique. La mort s’invite là où elle n’est pas attendue.
Qu’en est-il de ces couples qui doivent « faire le choix » de l’arrêt d’une grossesse ? Ceux qui se retrouvent ensevelis par un tourbillon de questions, d’inquiétudes, d’injustice, de peur ? Parler du deuil périnatal et notamment de l’interruption médicale de grossesse, c’est parler de ce chemin douloureux par lequel passent ces femmes, ces hommes, ces parents. C’est reconnaître leur souffrance, leur injustice mais aussi leur courage et leur force.
L’interruption médicale de grossesse (IMG), en France, est pratiquée jusqu’au terme de la grossesse, à la demande des parents, après acceptation de l’équipe médicale selon l’état de santé de l’enfant à naitre. L’équipe médicale est tenue d’informer les parents préalablement des conséquences de la pathologie sur le bébé et des alternatives à l’IMG de façon à ce qu’ils puissent prendre leur décision de façon éclairée.
Décider, faire un choix, prendre des décisions : Des mots qui ne m’apparaissent pas comme très justes dans ces moments de vie. Interrompre une grossesse est une expérience extrêmement difficile pour un couple. Peut-être serait-il plus adapté de parler de « non choix ». Les temps de réflexion sont difficiles et à la fois nécessaires. Ce temps où le couple peut également se préparer à l’accueil du bébé : souhaiteront-ils le voir ? Le porter ? Ont-ils choisi un prénom ? Il ne me semble pas qu’il y ait de « bonnes » manières de faire. Bien qu’aucun des actes ne soit imposé, tous apparaissent comme nécessaires car ils humanisent la naissance.
« Faire son deuil » ne signifie pas oublier ou bien passer à autre chose. C’est finalement continuer à avancer sur ce chemin bien encombré et se sentir petit à petit un peu plus léger. C’est mettre des pansements et du coton là où la douleur est très vive. Il est important d’offrir un espace de paroles à ces femmes et ces hommes. Leur donner la possibilité de parler, de raconter leur vécu, être à l’écoute et faire exister ce bébé. Accompagner ces couples c’est savoir adopter leur rythme. La rencontre avec un psychologue ne doit pas être présentée comme indispensable. Certains couples engagent un accompagnement thérapeutique rapidement. D’autres ne parviennent pas en parler dans l’immédiat. C’est parfois quelques mois plus tard ou bien au cours d’une future grossesse que le besoin de parler se présente. Au sein même du couple, la femme et l’homme ne ressentent pas les mêmes besoins. Il est important d’avancer à son rythme et de se sentir légitime de passer par toutes ces émotions, parfois très ambivalentes. Etre accompagné par un psychologue c’est se donner le droit de parler de ses éprouvés et avancer tant bien que mal sur ce chemin parfois très bancal.
Marie Fournier-Bidoz
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